Par Marc Fourny
Publié le 20/04/2019 à 09:31 | Le Point.fr
Victor Hugo (1802-1885), ici en 1872.
© Archives Snark / Photo12
En 1828, Victor Hugo n'est encore qu'un jeune écrivain prometteur… Âgé de 26 ans, il est pensionné par le roi, s'est fait un nom avec le succès de Cromwell, commence à fréquenter les auteurs qui comptent et cherche depuis quelque temps à s'imposer avec un grand roman dramatique et populaire. Pourquoi ne pas aller sur le terrain historique ? lui suggère son éditeur Charles Gosselin, puisque les récits de Walter Scott sont à la mode... Un contrat est signé, Hugo se lance dans l'écriture, mais la rédaction va prendre plus de temps que prévu : il travaille en même temps sur Hernani, connaît des problèmes avec sa pièce Marion Delorme, sans compter l'insurrection de 1830 qui vient tout retarder…
En revanche, il tient son histoire : une rivalité passionnelle autour d'une gitane, la jeune Esmeralda, entre un bossu et un archidiacre tout-puissant. Quant au décor, ce sera Notre-Dame, dont la lente décrépitude ne cesse de l'attrister et de l'alarmer. À l'époque, la cathédrale n'est plus que l'ombre d'elle-même : sa flèche centrale a été démantelée à la fin du XVIIIe siècle, la Révolution l'a transformée en temple de la Raison, puis en entrepôt de vin ; on répare le plus urgent pour le sacre de Napoléon, on camoufle les fissures, ressoude à la hâte des vitraux, avant de la rendre au culte… Comme un vaisseau fantôme sur l'île de la Cité, l'édifice reste en l'état dans une France endettée et dépassée par d'autres urgences nationales. Va-t-elle finir comme d'autres monuments vendus puis rasés, car jugés vieillots et trop chers à entretenir ?